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L’IHU HealthAge, pour que longévité rime avec bonne santé


Publié le Jeudi 2 Mai 2024 à 11:21

Le 2 avril 2024 fera assurément date auprès de tous ceux engagés pour le bien-vieillir : ce jour marque en effet le lancement officiel du consortium HealthAge, labellisé Institut hospitalo-universitaire en 2023 et unique IHU français dédié au vieillissement en bonne santé. Porté par le CHU de Toulouse, l’Université Toulouse III - Paul Sabatier et l’INSERM, HealthAge entend capitaliser sur plus de 20 ans d’excellence et d’expérience au sein du Gérontopôle de Toulouse, pour offrir une nouvelle vision du vieillissement et permettre à la médecine et à la société de tirer pleinement partie des découvertes de la géronscience.


« Bien vieillir, c’est garder ses fonctions pour pouvoir continuer à faire ce qui est important pour chacun de nous ». Cette définition proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est peut-être concise, mais elle encapsule in fine l’essentiel : après des décennies consacrées à l’allongement de la durée de vie, l’attention de la communauté médicale et scientifique se porte désormais sur la longévité en bonne santé. Ce changement de paradigme est au cœur de l’IHU HealthAge. « En France, l’espérance de vie moyenne est de 85,3 ans pour les femmes, et de 80,3 ans pour les hommes. Pour autant, l’espérance de vie sans incapacité est de 65,3 ans pour les femmes, et de 63,8 ans pour les hommes. C’est cet écart qu’il nous faut combler », explique le Professeur Bruno Vellas, président fondateur de l’IHU HealthAge et l’une des références mondiales pour le vieillissement en bonne santé.

Chef de service du département de médecine internet et de gériatrie au CHU de Toulouse, il est en effet à l’origine de la création, dès 2007, du premier Gérontopôle de France, faisant de la Ville rose un épicentre de la recherche sur la maladie d’Alzheimer et, au-delà, un centre pionnier dans la prise en charge du vieillissement et le dépistage des fragilités liées à l’âge. Devenu centre collaborateur de l’OMS en 2017, le Gérontopôle de Toulouse est aussi pionnier dans le déploiement du programme ICOPE, qui vise à surveiller le maintien des fonctions essentielles chez les personnes âgées et à dépister la perte d’autonomie. ICOPE s’intègre dans l’ambitieux programme de recherche toulousain INSPIRE, lancé en 2019 et dédié à la biologie du vieillissement. Celui-ci a, notamment, permis de mener une étude inédite sur les biomarqueurs de l’âge biologique, s’imposant comme l’un des piliers essentiels de l’IHU. HealthAge, qui s’inscrit donc dans la continuité de cette dynamique, « se positionne comme un accélérateur du continuum recherche - soin - prévention, dans une démarche de science ouverte pour faciliter la recherche mondiale sur cette thématique majeure » qu’est le vieillissement, note Bruno Vellas en rappelant qu’un être humain vivra 30 % de sa vie en moyenne après 60 ans, et que 2,1 milliards de personnes dans le monde seront âgées de plus de 60 ans en 2050.

« Une vision intégrée du vieillissement »

Ce phénomène inédit, auquel l’humanité est confrontée pour la première fois dans son histoire, amène dans son sillage plusieurs enjeux nouveaux, à la fois sur le champ médical et humain, que sociétal et économique. Pour y faire face, il est impératif d’améliorer la prévention et la prise en charge des maladies liées à l’âge, mais aussi de soutenir le développement de nouveaux médicaments, de repenser les modalités d’accompagnement des personnes âgées et de déployer des infrastructures adaptées à leurs besoins. « Notre mission est d’aider à repérer [les fragilités] et ensuite de développer les connaissances, les traitements et les outils pour prévenir et accompagner, à grande échelle, la perte de fonctions. La géronscience est une discipline encore émergente mais en plein essor, qui va nous permettre, notamment, de mieux appréhender la notion d’âge biologique qui est différent de l’âge chronologique », note le Pr Vellas. Ambitionnant de « renforcer le capital santé » des populations, l’IHU HealthAge a aussi pour vocation de « servir de modèle à l’Europe », annonce le Pr Heike Bischoff-Ferrari, professeure de gériatrie et de recherche sur le vieillissement à l’université et l’hôpital universitaire de Zurich, en Allemagne, et directrice scientifique de l’IHU toulousain.

« On le sait, la compétition est mondiale sur [la géronscience], et Toulouse pourra faire rayonner la France dans ce domaine grâce à l’IHU et à la formidable dynamique qu’il génère », complète Jean-François Lefèvre, directeur général du CHU de Toulouse. Les projets sur le vieillissement imposent en effet « une approche nécessairement transversale des recherches », rappelle à cet égard le Pr Didier Samuel, président-directeur général de l’INSERM. Une vision partagée par le Pr Odile Rauzy, présidente de l’Université Toulouse III - Paul Sabatier, et professeure de médecine interne au CHU de Toulouse : « L’IHU doit porter une vision intégrée du vieillissement, s’intéressant aux organes et aux fonctions, étudiant comment vieillissent nos cellules mais aussi dépassant le champ de la biologie et de la médecine ». En d’autres termes, l’IHU entend « faire de la recherche qui soit rapidement transférable au soin mais aussi emporter les autres disciplines – sciences humaines et sociales, philosophie, économie... – du site toulousain et la population pour mener une réflexion sur le mieux vieillir », résume-t-elle.

Un programme d’action autour de cinq piliers

Mettant donc en œuvre l’approche novatrice de la géronscience – du grec « gérontos », qui signifie vieillard ou personne âgée –, l’IHU HealthAge adopte sa vision systémique et préventive du vieillissement, centrée sur la personne et le maintien de ses capacités fonctionnelles plutôt que sur une maladie. Il s’appuie, pour cela, sur cinq piliers : (1) La cohorte Care du programme ICOPE qui, après la région toulousaine, a vocation à s’élargir à la France entière dès 2024 et au reste du monde à partir de 2025, (2) La plateforme INSPIRE, qui compare une cohorte de durée de vie humaine et deux cohortes animales (les souris et les fondules), pour identifier les horloges moléculaires du vieillissement et développer des traitements permettant de retarder le vieillissement biologique. « Nous avons ainsi observé, chez la souris âgée, que si on détruit les cellules sénescentes dans le pancréas, elle ne développe plus de diabète lié à l’âge. Cette meilleure compréhension des mécanismes moléculaires et biologiques nous permettra ensuite de développer des médicaments », raconte Bruno Vellas, (3) La plateforme d’essais en géronscience, opérée en partenariat avec les entreprises biotechnologiques et pharmaceutiques pour faire progresser l’application clinique des nouveaux biomarqueurs et traitements de la biologie du vieillissement, (4) Un essai de prévention à grande échelle sur une cohorte de 1 600 personnes âgées de 70 ans et plus, pour évaluer l’efficacité clinique et le coût-bénéfice d’une intervention personnalisée basée sur ICOPE, (5) La science ouverte pour faire progresser l’application des géronsciences par le partage de données, et le développement de nouvelles formations. Autant d’actions qui ouvriront « des perspectives d’innovation au service d’une société vieillissante mais durable », conclut le CHU de Toulouse.

- Plus d’informations sur https://www.chu-toulouse.fr/IMG/pdf/dossier_presse_ihu_healthage.pdf

> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, 
à lire ici 
 



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