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Dans le Loir-et-Cher, l’EHPAD de demain au cœur d’un projet de territoire


Publié le Mercredi 22 Novembre 2023 à 10:05

Bénéficiant d’une direction commune depuis déjà cinq ans, les EHPAD de La Bonne Eure à Bracieux, La Favorite à Cour-Cheverny et Le Grand Mont à Contres, ont mis à profit un projet de restructurations architecturales pour fédérer les acteurs locaux autour d’un véritable projet de territoire, qui va largement au-delà d’une simple transformation des bâtiments.


Situés à l’ouest de la Sologne, dans le département du Loir-et-Cher, les EHPAD La Bonne Eure (Bracieux), La Favorite (Cour-Cheverny) et Le Grand Mont (Contres) ont opté depuis cinq ans pour une gouvernance unique, mettant en place une direction et un pôle administratif communs. Une réorganisation depuis mise à profit pour initier une nouvelle dynamique territoriale, elle-même née d’un projet de restructuration architecturale. « Si, à Bracieux, les locaux sont relativement récents, ceux de Cour-Cheverny et de Contres doivent être rénovés pour répondre aux attentes actuelles », constate Pierre Gouabault, directeur des trois établissements. Ce chantier déjà d’envergure a rapidement pris une dimension plus transversale, se transformant en un projet global associant les résidents et les familles des deux EHPAD concernés, ainsi que les habitants et les élus locaux. Un collectif, « Activer les solidarités » a même été créé avec pour mission de « transformer l’offre de résidence pour personnes âgées de La Favorite et du Grand Mont, dans le Loir-et-Cher ».

Trois résidences spécialisées

« Cette démarche fait écho à une vision que nous portons depuis déjà quelques années, celle de la mutualisation et de la territorialisation de nos réflexions, de notre offre et de nos services », confie Pierre Gouabault. Les trois établissements ont en effet depuis longtemps adopté une stratégie faisant la part belle à l’ouverture sur leur environnement, prenant par exemple part au groupement de coopération sociale et médico-sociale Sépia 41, ou au développement, depuis quatre ans, d’une équipe territoriale pour la prévention de la dépendance et de la perte d’autonomie. « Nous essayons de nous inscrire dans une logique de responsabilité populationnelle », complète le directeur, qui constate que « grâce à cette ingénierie territoriale, qui s’appuie notamment sur un accompagnement par les collectivités territoriales et la création d’équipes actives sur le champ de la prévention, l’âge moyen d’entrée dans les résidences est passé de 88 à 91,7 ans ».

Et c’est loin d’être le seul changement majeur survenu ces dernières années au sein de ces EHPAD. Mettant à profit leur gouvernance commune, chacun s’est progressivement spécialisé autour de trois filières, l’une dédiée à la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés, permettant notamment un accueil séquentiel des gens vivant encore à domicile, l’autre consacrée à la prise en charge de la grande dépendance, et la dernière, dite « Très grand vieux », pour l’accueil de résidents présentant de grandes fragilités liées à l'âge ainsi que des risques de décompensation de pathologies chroniques.
 

Dépasser le modèle de l’EHPAD traditionnel

« C’est pour justement continuer à développer cette approche que nous avons effectué un diagnostic immobilier. Rapidement, nous nous sommes rendu compte que les infrastructures existantes ne correspondaient pas à nos besoins », se souvient Pierre Gouabault. En effet, entre la spécialisation de leurs équipes et l’entrée plus tardive en EHPAD, les trois établissements souhaitaient diversifier l’offre immobilière pour notamment pourvoir accueillir des structures extérieures, et développer des logements publics adaptés sur les sites de Cour-Cheverny et de Contres. Au Grand Mont, par exemple, l’EHPAD devrait passer de 73 à 80 places, dont six places d’hébergement temporaire, le tout organisé en petites unités de vie, mieux adaptées à la prise en soins des personnes Alzheimer ou atteintes de troubles neurodégénératifs.

En lien avec la mairie du Controis-en-Sologne et la communauté de communes, l’établissement prévoit également l’ouverture de plusieurs espaces mutualisés pour accueillir la Maison France Services locale ainsi que l’auditorium de musique intercommunal, voire un accueil de jour pour adolescents. Les espaces extérieurs de l’EHPAD devraient, quant à eux, se transformer en un parc public arboré et aménagé. « À terme, ce ne sera plus seulement un EHPAD mais un lieu véritablement ouvert, inscrit dans un projet immobilier de territoire et amenant un changement de regard sur la fragilité », complète le directeur des établissements.

Le même état d’esprit se retrouve dans le projet prévu à Cour-Cheverny. L’établissement, qui accueillera la grande dépendance (GIR 1 et 2), passera de 68 à 80 places, dont 12 pour les personnes handicapées vieillissantes. Une activité nouvelle, qui a vu l’EHPAD se rapprocher ici de la clinique de La Borde, un établissement psychiatrique installé dans la commune. Travaillant en lien étroit avec la Mairie et un bailleur social, il a d’ailleurs multiplié les partenariats pour pouvoir aussi accueillir la médiathèque communale, créer des logements sociaux pour les saisonniers et les habitants, ou encore réaménager son parc et l’ouvrir au public. Autant de chantiers d’envergure qui devraient, à terme, permettre un aménagement foncier complet du site. Plusieurs années seront toutefois nécessaires pour les mener à bien, les travaux n’ayant à ce jour pas encore démarré.

L’assistance à maîtrise d’usage, un nouvel outil

Ce projet complexe peut néanmoins déjà s’appuyer sur des bases solides, sur le plan humain comme juridique. Bénéficiant du soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), l’association Activer les solidarités a ainsi pu lancer une étude d’assistance à maîtrise d’usage, pour impliquer davantage les usagers et inscrire le projet dans une dimension sociale et participative forte. L’agence Courtoisie urbaine, et l’architecte Charles Vitez, ont notamment été partie prenante de cet accompagnement qui s’est articulé autour de plusieurs actions, depuis la réflexion pure à la présentation des différents volets en conseil municipal, en passant par la mobilisation de la presse locale ou la rencontre des habitants.

« En 2022, plus de 400 interactions ont été enregistrées au niveau local », se félicite Pierre Gouabault, évoquant par exemple le recueil d’avis auprès de la population, lors de la sortie des écoles et des supermarchés. « Notre objectif est bien de sortir de la logique “je reconstruis mon EHPAD” à ”je viens travailler sur un schéma directeur de territoire visant à faire évoluer l’offre” », poursuit le directeur en insistant toutefois sur la notion de « réversibilité » et d’accompagnement « non définitif ». « Cette réversibilité est centrale car elle est synonyme d’agilité sur le long terme. Ainsi la future organisation spatiale a été pensée sous la forme de petites unités de vie pouvant être cloisonnées, de manière à pouvoir s’adapter aux évolutions des modalités d’accueil et mieux préparer les besoins à venir », conclut, confiant, Pierre Gouabault.

Article publié dans l'édition d'octobre d'Ehpadia à lire ici.


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