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Les marchés en or de la silver économie


Publié le Lundi 15 Novembre 2021 à 14:49

Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « Les opportunités de croissance des acteurs de la Silver économie : scénario prospectif 2026 - Quelles stratégies de développement sur les marchés du bien-vieillir ? ».


Avec un rythme de croissance inchangé d’environ 3% par an à compter de 2022, les marchés de la silver économie au sens large (offres adaptée et spécifique regroupées au sein de 22 marchés) pèseront 109 milliards d’euros en 2026, selon les prévisions des experts de Xerfi Precepta. Les premiers baby-boomers (nés entre 1946 et 1974) entreront en effet en 2022 dans la population des 75 ans et plus, soit l’âge de la fragilité. Et ce remplacement progressif de la génération « silencieuse » par cette nouvelle génération nombreuse davantage consommatrice, hédoniste, mobile, technophile, curieuse, libre et dotée de fortes capacités d’adaptation bouleversera favorablement les marchés de la silver économie. Désormais totalement investis par des baby-boomers autonomes aux comportements de consommation/cotisation globalement proches de ceux des actifs, les marchés de produits et services adaptés (et en particulier ceux de la branche « financement et transmission ») se stabiliseront. En revanche, la consommation de prestations spécifiques - qui augmente avec l’âge, la fragilisation et la perte d’autonomie – progressera fortement à partir de 2022. Les marchés de la branche « habitat et sécurité » (adaptation des logements, domotique…), de la branche « prévention et santé » (services de santé, e-santé…), de l’assurance santé complémentaire ou du viager par exemple en bénéficieront. Deux bémols toutefois à la pleine concrétisation de leur potentiel de croissance : la localisation de la gérontocroissance dans des zones (péri-urbaines et rurales) pas toujours adaptées à la distribution de produits et services spécifiques mais aussi la pénurie d’offres dédiées aux seniors. Un nouvel espace stratégique viable s’ouvre sur la plupart des marchés de la silver économie (97 milliards d’euros en 2022). Or, sur nombre de ces derniers, les personnes âgées sont confrontées à une pénurie d’offre spécifique (marchés de la mobilité, du lien social et de la communication ou encore des loisirs, du bien-être et du prendre soin). La rareté des ressources stratégiques et les difficultés à faire émerger des produits et services innovants (moyens financiers, accès aux canaux de distribution pertinents, réseau de prescripteurs…) expliquent la pénurie d’offre destinée aux personnes âgées. Dans ces conditions, le recours à des écosystèmes d’affaires au sein des marchés spécifiques de la silver économie semble la meilleure voie à suivre, de l’avis des experts de Xerfi Precepta.

Dans ces grands ensembles, trois grands types d’acteurs interagissent selon leurs besoins. Les acteurs « pivots », dotés de plusieurs ressources stratégiques (moyens financiers conséquents, cœur de métier puissant ou encore base clients) comme les bancassureurs ou les groupes de prévoyance mais aussi les acteurs du grand âge, souhaitent enrichir leur offre via la croissance interne mais surtout grâce à des partenariats ou des prises de participation capitalistiques auprès d’opérateurs « spécialisés » (start-up, nouveaux entrants) ou « diversifiés ». Korian a par exemple étoffé son offre dans l’hébergement et les services à domicile en mettant la main sur Les Essentielles, Ages & Vie ou encore Petits-Fils. Par choix ou par contrainte, de nombreux acteurs contribuent, eux, de façon plus limité à ces écosystèmes. C’est le cas des groupes spécialisés dans les services à domicile, les résidences services seniors ou d’une partie des groupes d’EHPAD positionnés sur des marchés aux caractéristiques particulières (phase de développement précoce, logiques de taille critique, faiblesse des ressources stratégiques…).

Des fortunes diverses pour les filières régionales

La création de filières silver économie régionales avec l’appui de France Silver Eco et des régions, soutenue par l’Etat, est la preuve de l’implication des pouvoirs publics. Celles-ci doivent contribuer à faciliter les interactions entre les acteurs « pivot » et les porteurs d’innovation, complémenteurs spécialisés en tête. Les filières régionales s’organisent le plus souvent autour de lieux d’innovation dédiés aux rencontres (accès à un réseau, confrontation des projets innovants à la réalité), à l’innovation (mise à l’épreuve et développement de projets grâce par exemple à un living lab) ou encore à l’approfondissement des expertises (formations, échanges…). Cinq filières régionales affichent des niveaux de maturité conséquents (Île-de-France, Normandie, Occitanie, Pays de la Loire, Sud PACA).

La relance de la filière Silver économie en octobre 2018, la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale, le Ségur de la santé ou encore l’annonce d’une loi dédiée au grand âge et à l’autonomie pendant la crise sanitaire avaient de quoi réjouir les acteurs du bien-vieillir. Des projets de loi portés par des groupes parlementaires divers avec une réflexion ambitieuse autour de la création de « services autonomie » illustrent également une volonté politique d’agir. Un bilan toutefois terni par un manque de vision stratégique et un nouveau report de la loi grand âge et autonomie. Sans oublier la maturité insuffisante de filières silver économie régionales, à l’instar entre autres d’Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne et Centre-Val de Loire.

Auteur de l’étude : Jean-Christophe Briant


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