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Nathalie Salles, la gériatrie dans la peau


Publié le Mardi 5 Mars 2024 à 17:48

Présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), le Pr Nathalie Salles s’est orientée très tôt vers la médecine des personnes âgées, une discipline « globale » qui « offre la possibilité d’aller beaucoup plus loin dans le soin et le prendre soin ». Passionnée par le numérique et ses applications dans le monde de la santé, elle est aussi une pionnière dans l’utilisation de la télémédecine en gériatrie. Portrait.


©DR
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Professeure des universités et praticien hospitalier en gériatrie au CHU de Bordeaux, où elle est également vice-présidente de la Commission médicale d’établissement (CME), le Pr Nathalie Salles s’est éprise de cette spécialité il y a déjà de nombreuses années. « Dès mon externat, j’ai voulu être gériatre », se souvient celle qui s’est d’abord orientée vers l’hépato-gastroentérologie, optant par la suite pour la gériatrie en spécialité complémentaire. « L’hépato-gastroentérologie permettait d’apporter une plus-value à mon métier de gériatre, qui était mon objectif premier », explique Nathalie Salles. Passionnée par cette spécialité « populationnelle », la médecin explique son choix par l’aspect « global » et « l’interdisciplinarité » de la gériatrie.

« La gériatrie offre aussi la possibilité d’aller beaucoup plus loin dans le soin et dans le prendre soin, ainsi que dans d’autres champs tels que l’organisation des soins, l’éthique, la sociologie, la politique, l’habitat, la mobilité », détaille la spécialiste, qui salue « l’organisation horizontale » et le travail d’équipe, particulièrement présents dans la discipline : « Le gériatre travaille au quotidien avec les infirmières, les assistantes sociales, les diététiciens… Et tous les autres métiers en lien avec le suivi des personnes âgées ».
 

Pionnière dans la télémédecine pour les EHPAD

Diplômée d’hépato-gastroentérologie en 1996, puis de gériatrie en 1999, Nathalie Salles, devient cheffe de clinique au CHU de Bordeaux. Elle s’installe ensuite en Suisse où, entre 2000 et 2002, elle prend un poste de cheffe de clinique adjointe aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Elle en profite, aussi, pour suivre les cours de l’European Academy for Medicine of Aging (EAMA). « Ce passage à Genève est un bon souvenir. J’ai pu y commencer ma thèse en science et, grâce à l’EAMA, rencontrer des professionnels de santé de toutes les nationalités », se remémore la gériatre, marquée par cette expérience « forte »

De retour au CHU de Bordeaux, elle exerce au sein du pôle de gérontologie clinique, dirigé par le Pr Jean-Paul Emeriau. Une belle dynamique est alors à l’œuvre au sein de l’établissement : en 2002, la première équipe mobile de gériatrie y voit le jour, suivie, en 2005, par le premier service de gériatrie aiguë post-urgence. Poursuivant ses travaux autour de l’innovation, technologique comme organisationnelle – un champ qui l’intéresse tout particulièrement –, Nathalie Salles développe aussi, dès 2012, l’usage de la télémédecine en EHPAD. « Aujourd’hui, mon agenda est rempli de téléconsultations », sourit-elle, voyant dans cette pratique un moyen de « faciliter l'accès aux soins pour des personnes fragilisées et peu mobiles », afin d’« aider les équipes à soigner les résidents sans avoir à les déplacer ».

Celle qui se félicite que la télémédecine soit désormais devenue « une pratique courante », a été une véritable pionnière en la matière. Son investissement est d’ailleurs reconnu : présidente, de 2018 à 2021, de la Société française de santé digitale (SFSD), le Pr Nathalie Salles coordonne aussi, depuis 2016, le diplôme inter-universitaire (DIU) « Une approche globale de la télémédecine » à la Faculté de médecine de Bordeaux.
 

Présidente de la SFGG…

Très attachée à cette ville et à son CHU, la spécialiste y conjugue ses différentes passions. Pendant huit ans, elle dirige le pôle de Gérontologie clinique, avant d’être nommée 2ème vice-présidente de la Commission médicale d’établissement (CME) en charge de la qualité et de la sécurité des soins, même si elle « garde toujours un œil sur les projets numériques ». Élue présidente de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) en novembre 2021, Nathalie Salles continue de consacrer une large part de son temps aux nouvelles technologies.

Un premier village du numérique a ainsi été installé lors du dernier congrès de la SFGG, permettant à huit entreprises de présenter leurs innovations. « Nous avons décerné deux prix aux solutions qui nous paraissaient être les plus intéressantes », explique le Pr Salles. Outre cette visibilité, les deux entreprises primées bénéficient aussi d’un suivi par la SFGG. « Le numérique peut apporter de nombreuses réponses. Mais il doit être réellement pensé pour les besoins de la personne âgée et adapté à ses spécificités. La co-construction avec le monde de la gériatrie est dès lors indispensable », insiste la présidente de la SFGG.
 

… et une mobilisation sur plusieurs fronts

À la tête de la société savante jusqu’en novembre 2024, le Pr Nathalie Salles est aujourd’hui sur plusieurs fronts, menant notamment des actions avec les régions et opérant un rapprochement avec les jeunes médecins. La SFGG a ainsi travaillé avec la Fondation de France pour offrir des bourses de recherche, et propose aussi, sur candidature, une aide financière aux gériatres souhaitant se former à l’EAMA. « Notre objectif est réellement d’accompagner les jeunes s’engageant dans cette spécialité », explique celle qui voit dans les sociétés savantes « un bon moyen de fédérer pour lancer des actions communes ».

Et c’est peut-être ce dernier point qui résume le mieux le parcours de Nathalie Salles. Dès ses premiers pas dans le monde hospitalier, elle s’est particulièrement investie dans le travail d’équipe. Aujourd’hui encore, elle aime « écouter les uns et les autres pour trouver, à travers leurs regards croisés, une action qui porte tout le monde ». Les partenariats noués avec les sociétés savantes et sociétés de spécialités sont donc, pour elle, un moyen, de « faire tourner, ne serait-ce qu’un peu, le gouvernail du bateau qui nous guide là où nous voulons aller, ensemble ».

Article publié dans l'édition de janvier d'Ehpadia à lire ici.



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