Vous avez engagé plusieurs actions pour améliorer la qualité de vie au travail. Pourriez-vous nous en parler ?
Antoine Cartigny : J’ai pris la direction de la résidence en septembre 2021, après une reconversion professionnelle, sans expérience préalable dans le secteur médico-social. N’étant pas du milieu, mon approche n’est donc pas issue d’observations posées sur le terrain, mais d’une conviction : en tant que directeur, mon rôle est de créer les conditions les plus favorables pour que les professionnels puissent exercer leur métier dans le meilleur environnement possible. L’an dernier, nous avons ainsi entièrement rénové la salle de repos du personnel, avec un budget de 40 000 €, dont la moitié a été nancée par la Fondation des Hôpitaux de France.
Vous avez aussi revu l’organisation interne...
C’était une étape clé pour renforcer la qualité de vie au travail. Nous avons mis en place un roulement avec un week-end travaillé sur trois, sur des journées de 7 heures. Par ailleurs, nous avons instauré un «planning à la carte », permettant à chacun d’exprimer ses préférences en matière de postes et d’horaires. Ce fonctionnement donne une plus grande souplesse et contribue à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Après une courte période d’adaptation, le système est aujourd’hui plébiscité : personne ne souhaite revenir en arrière.
Vous avez également recruté une infirmière en pratique avancée (IPA). Pourquoi ce choix ?
Quand je suis arrivée en 2021, quatre médecins traitants intervenaient encore dans l’EHPAD. Deux sont déjà partis, les deux autres partiront prochainement à la retraite. Il fallait anticiper. Nous avons donc soutenu la formation d’une de nos infirmières, diplômée IPA en pathologies chroniques depuis mai 2025. Elle a pris ses fonctions début juin, apportant une expertise précieuse et pérenne. Cette évolution s’inscrit dans une stratégie globale de professionnalisation. Ainsi, aujourd’hui, nous disposons au sein de l’EHPAD, d’une IPA, d’une infirmière coordinatrice, d’un kinésithérapeute à temps plein, d’un ergothérapeute à mi-temps et d’une enseignante en activités physiques adaptées (APA) à 80 %.
Ce type d’organisation n’est-il pas plus coûteux ?
Nos ressources sont identiques à celles de tout établissement public. Mais en réduisant fortement l’absentéisme, nous avons totalement supprimé les coûts liés à l’intérim depuis deux ans. Cela nous permet de réinvestir dans la formation, le matériel ou l’amélioration des conditions de travail. C’est un cercle vertueux fondé sur la con ance, l’implication et la valorisation des équipes.
Vous avez récemment obtenu le label «Vivre». Quel a été son impact ?
Au départ, je recherchais avant tout un outil able, extérieur et indépendant pour mesurer la satisfaction des parties prenantes. Mais, outre ses retours utiles pour ajuster nos pratiques, ce label a eu un impact bien au-delà de nos attentes : il a apporté une véritable reconnaissance. Les équipes, les résidents, les familles ont ressenti une grande fierté. Nous avons donc décidé de renouveler cette évaluation chaque année. Elle est devenue notre baromètre, un repère pour évaluer nos avancées et continuer à progresser ensemble.
> Article paru dans Ehpadia #40, édition de juin 2025, à lire ici