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L’accompagnement des résidents au temps du confinement


Publié le Vendredi 28 Août 2020 à 09:05

Que ce soit en termes de lien social, d’animation, de nutrition ou d’accompagnement de la fin de vie, le bien-être des résidents a été fortement mis à mal pendant la crise sanitaire que nous venons de vivre. De quoi nécessiter des adaptations de pratiques - dont certaines à pérenniser - et rappeler l’importance des professionnels évoluant en parallèle des équipes soignantes.


Ces derniers mois, alors que les résidents vivaient une situation d’isolement inédite, les capacités d’adaptation des personnels œuvrant au service du lien social et de l’animation ont été mises en ébullition. À la fois pour pallier le manque des familles, mais également pour assurer le relais entre la direction et les résidents, ou plus généralement, veiller à l’assouvissement des besoins engendrés par le confinement en chambre.
Il en a été ainsi de l’alimentation. « Du jour au lendemain, toutes les règles, toutes les habitudes ont disparu », relatait Peggy Obert, directrice de la Résidence services les Terrasses du Parc à Valence, lors d’un webinaire de l’Institut Nutrition consacré à cette question. Même constat en EHPAD, où le service en chambre et la nécessité de stimuler certains résidents ont demandé une adaptation de l’accompagnement.
Pour Sylvie Martinez, chargée de mission au Groupement national des Animateurs en Gérontologie (GAG) et responsable du service animation de l’EHPAD de Château-la-Vallière, en Indre-et-Loire, le plus lourd à porter pour sa profession a néanmoins eu trait à la question du deuil. « L’accompagnement des résidents en fin de vie et de leurs familles a parfois dû se faire en visioconférence, ce qui a pu être très mal vécu », souligne-t-elle à ce propos.

Entretenir le lien voire en créer de nouveaux

Le GAG a néanmoins fortement incité les animateurs à user de ces nouvelles technologies pour pallier l’absence de visites. « À nous maintenant de maintenir cette dynamique, de la pérenniser », explique la représentante du groupement. Car en contournant la problématique de l’éloignement géographique, les visio-visites n’ont pas seulement répondu à une situation de crise. Elles ont également permis de créer de nouvelles relations et même d’organiser de véritables réunions de famille. Et pour « garder quelque chose de palpable » de ces échanges, Sylvie Martinez a d’ailleurs eu la judicieuse idée d’imprimer et de distribuer des photos de captures d’écran aux résidents.
« Il faudra tout de même s’assurer de trouver le bon équilibre entre les visio et les visites conventionnelles, pour ne pas tomber dans une nouvelle forme d’isolement, physique cette fois-ci », met-elle cependant en garde. Et pour souligner ses propos, l’animatrice rappelle combien le retour des visites encadrées a réjoui les résidents, avant de s’avérer rapidement insuffisant. « Ils expliquaient que ce n’était pas de cette façon qu’ils souhaitaient voir leurs proches », occasionnant au passage des réflexions sur le droit à la mort.

Vers un accompagnement plus individuel

Faute de pouvoir s’appuyer sur la dynamique de groupe des activités collectives habituelles, les animateurs en sont venus à repenser leurs pratiques. L’animation en EHPAD a alors pris la forme d’une multiplication d’actions individualisées, de « moments de plaisir spontanés, courts, mais répétés », révélant parfois des envies de résidents, jusque-là passées inaperçues.
« Nous sommes beaucoup à avoir réalisé que nous n’allions pas bien chercher les besoins de certains résidents. Notamment, de ceux que l’on ne voit pas en animation collective, qui semblent tranquilles dans leur chambre. Cette expérience va nous inciter à accentuer cette capacité à travailler en réponse personnalisée », conclut Sylvie Martinez. Un constat partagé, qui rappelle néanmoins la nécessité d’augmenter les effectifs. « Nous proposons un animateur pour 30 résidents, contre un pour 66 aujourd’hui », défend ainsi le GAG. 

* Ressources pour rompre l’isolement en EHPAD  
* Site du GAG
* Le site du Culture à Vie

Myriam Lacoste, animatrice coordinatrice à la Résidence du Sourire en Ardèche. © DR
Myriam Lacoste, animatrice coordinatrice à la Résidence du Sourire en Ardèche. © DR

Limiter l’impact de l’absence de relations avec les autres résidents

À la Résidence du sourire, EHPAD de l’hôpital de Saint-Félicien, « l'urgence était de maintenir les relations avec les familles. Mais, avec le confinement en chambre, les résidents ont très vite ressenti le manque d'interactions avec leurs pairs », raconte Myriam Lacoste, animatrice coordinatrice au sein de l’établissement. Pour y pallier, des appels téléphoniques de chambre à chambre ont donc été organisés. Ont suivi les repas et animations-pallier. 
En parallèle, une "Gazette du confinement" a vu le jour, permettant de relayer des informations sur les différents services et les mesures institutionnelles prises par l’établissement. 
L’idée était aussi « qu’ils puissent avoir des nouvelles des autres, de garder un semblant de la vie d'avant avec les anniversaires, ou bien qu'ils puissent faire leur deuil en cas de décès dans la résidence ». 
Le blog de l’établissement, déjà alimenté par l’équipe d’animation depuis plusieurs années, a quant à lui accueilli les “Chroniques d’un résidents confiné”, « afin que les familles aient un regard sur la vie à l'intérieur de la résidence ». Revenant sur les échanges du dernier Conseil de la Vie Sociale, Myriam Lacoste souligne que, finalement, le plus dur pour les résidents aura été cet isolement en chambre. Ainsi, au moment du déconfinement, « ils étaient extrêmement contents de retrouver leurs ”collègues” en salle à manger ». Et si début juillet était édité le dernier numéro de la ”Gazette du confinement”, une ”Gazette des résidents libérés” a désormais pris le relais. Une édition qui continuera d’être publiée chaque mois « tant qu’ils en auront l’envie ».

Le blog de la résidence.




Article publié sur le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
 



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