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Dans la Meuse, redynamisation rime avec fusion


Publié le Lundi 28 Mars 2022 à 15:52

Face aux problématiques inhérentes à leur territoire mais aussi à leur histoire propre, trois EHPAD de la Meuse ont fusionné en 2019 pour créer l’EHPAD d’Argonne. Cette démarche, qui a déjà permis d’améliorer l’accueil des résidents et les conditions de travail des salariés, se poursuit avec la restructuration prochaine de deux sites.


Implanté en milieu rural, dans le nord de la Meuse, l’EHPAD d’Argonne est né en 2019 de la fusion de trois établissements : l’EHPAD de Varennes-en-Argonne, l’EHPAD de Montfaucon-d’Argonne et l’EHPAD de Clermont-en-Argonne. Distants d’une quinzaine de kilomètres, ces établissements publics autonomes sont désormais unis au sein d’une structure unique totalisant 217 lits. Un rapprochement qui ne doit rien au hasard. En effet, ils ont depuis longtemps tissé des liens solides, avec notamment un poste de direction mutualisé depuis 2005 entre les EHPAD de Varennes et de Montfaucon.

« Deux mois après ma prise de fonctions en 2012, l’Agence Régionale de Santé m’a demandé d’effectuer également un travail d’observation et de gestion à l’EHPAD de Clermont-en-Argonne », se rappelle Sylvie Bousselet, devenue depuis la directrice de l’EHPAD d’Argonne. L’établissement de Clermont, qui faisait face à des difficultés financières et à une gouvernance peu stable, était alors menacé de fermeture. « Pendant presque quatre ans [soit de 2001 à 2005, NDLR], il avait connu ce que l’on pourrait appeler une direction en alternance, avec plusieurs intérims », précise-t-elle. Pourtant, cet EHPAD de 100 lits, qui bénéficie notamment d’un accès par l’autoroute, la nationale et le TGV, a « du potentiel ».
 

À Montfaucon-d’Argonne, un bâtiment « vétuste »

Si la direction s’emploie à sauvegarder l’établissement de Clermont-en-Argonne, la situation est toute autre avec son homologue de Montfaucon-d’Argonne, qui compte 32 lits. Un projet prévoit d’ailleurs aujourd’hui de réserver le bâtiment aux services administratifs. C’est que, au-delà de ses problèmes financiers, Montfaucon pâtit également d’un manque chronique d’investissements et d’importantes faiblesses structurelles. « Quand je suis arrivée, en 2012, il n’y avait sur le site aucun lit médicalisé ni même électrique », décrit Sylvie Bousselet tout en évoquant les recrutements difficiles, « liés à la situation de l’établissement, à sa réputation et aux conditions de travail sur place ». En effet, même si une première fusion en 2016 des EHPAD de Varennes et de Montfaucon a permis quelques investissements, plusieurs problématiques demeurent.

Le site rencontre ainsi régulièrement des problèmes d’accès à la téléphonie, à internet et aussi, quelques jours par an, au réseau d’eau potable, les équipes devant alors effectuer des allers et retours entre le bâtiment et la citerne installée dans la cour. « Malgré tous nos efforts financiers, il reste les difficultés liées à la structure même du bâtiment, constate Sylvie Bousselet. Nous avons acheté des lève-malades et des verticalisateurs, les équipes du PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés) se rendent sur place tous les mercredis avec leur matériel… Mais le quotidien reste compliqué. Il n’y a, par exemple, qu’une douche et une baignoire pour tout le bâtiment »
 

De grands projets de restructurations architecturales

Afin de relever ces différents défis, la direction de l’EHPAD d’Argonne a lancé de grandes opérations de restructurations immobilières. Portés par la fusion, ces projets prévoient, entre autres, la création d’un bâtiment unique sur le site de Clermont-en-Argonne, qui souffre aujourd’hui d’une disposition parcellaire dans un parc présentant un fort dénivelé. Ces travaux, chiffrés à hauteur de 7,250 millions d’euros, impliqueront la construction d’une unité Alzheimer, d’un PASA, de six chambres bariatriques réservées aux personnes souffrant d’obésité morbide, « et surtout d’une salle à manger collective qui manque cruellement aujourd’hui », insiste Sylvie Bousselet.

Depuis deux ans, la création de ce nouveau bâtiment est complétée par un grand projet de rénovation des sites de Varennes-en-Argonne et de Montfaucon-d’Argonne. « Le coût d’un maintien étant trop conséquent, la fermeture du site de Montfaucon a été actée en juillet 2021 », indique la directrice. À la place, le bâtiment, situé sur la place classée du village de 300 habitants, accueillera les bureaux d’une plateforme de services « EHPAD Hors les murs », ainsi que des salles de formation et de consultations réservées au centre hospitalier de Verdun.

Le projet, qui mobilisera 25 millions d’euros, prévoit également la construction d’un nouveau bâtiment sur le site de Varennes-en-Argonne, qui comptera alors 117 lits. Il regroupera le PASA, une unité Alzheimer avec des lits dédiés aux personnes souffrant de troubles sévères du comportement, ainsi qu’une unité bariatrique. Sans oublier la cuisine centrale et la blanchisserie, déjà accueillies à Varennes et qui ont été agrandies pour traiter le linge et les repas de tout l’EHPAD d’Argonne, mais aussi d’établissements extérieurs tels que l’école, le collège de la commune ou encore les services de portage de repas au domicile.
 

Des investissements rendus possibles par les économies d’échelle

En attendant la construction et l’aménagement de tous ces bâtiments, la fusion s’est déjà traduite par plusieurs améliorations dans l’accueil des résidents et les conditions de travail des salariés. Du matériel a pu être acquis pour le petit site de Montfaucon-d’Argonne, des postes et des services ont été mutualisés… « Nous avons ainsi pu réaliser des économies d’échelles, ce qui nous a permis d’affecter des ressources sur d’autres postes en tension tout en évitant de grever notre budget de fonctionnement », résume Sylvie Bousselet. Les professionnels, qui bénéficient d’un accès plus large à la formation, « ont plus de perspectives », poursuit-elle, indiquant également que « les familles qui voient les équipements des nouveaux bâtiments sont elles aussi ravies de ces changements ». « La fusion est une pleine réussite », conclut la directrice, persuadée que c’est une solution permettant de « trouver un équilibre », en particulier pour les petits établissements.   


Article publié dans le numéro d'octobre d'Ehpadia à consulter ici



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