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La QVT, un concept plus que jamais essentiel pour faire face à la crise


Publié le Vendredi 1 Octobre 2021 à 10:24

Soulevé depuis plusieurs années par les professionnels du secteur, le problème de l’absentéisme a été encore accentué par une crise qui dure dans le temps. Pour limiter le phénomène, les établissements doivent plus que jamais s’engager en faveur de la qualité de vie au travail (QVT) de leurs agents.


Plus d’un an après le début de la pandémie, le manque de personnel dans les EHPAD est plus criant que jamais. Fatigue grandissante, manque de reconnaissance, confinement, anxiété, contaminations et quarantaines, viennent accentuer encore d’avantage cette situation en diminuant le nombre de personnes potentiellement présentes dans les établissements. Dans une étude parue en novembre dernier*, la Fédération Hospitalière de France (FHF) note que « 80 % des établissements répondant à l’enquête cherchent activement à renforcer les effectifs et la grande majorité d’entre eux indique rencontrer des difficultés pour ce faire ».

En outre, cette même enquête fait état d’une « tendance à la hausse de l’absentéisme, notamment dans les EHPAD ». « On observe une hausse de l’absentéisme en 2020 par rapport à 2019 d’environ 1 % en CHU, 1,6 % en EPS [Établissements Publics de Santé - NDLR] hors CHU et presque +2 % en EHPAD », indique la Fédération en ajoutant « qu’au mois de septembre, l’absentéisme avait retrouvé un niveau proche de 2019, sauf en EHPAD ». Coûts supplémentaires, insatisfaction des résidents et des familles, désorganisation, charge de travail accrue pour les encadrants comme pour les collègues, difficultés potentielles pour le retour en poste des salariés absents… Les impacts de cet absentéisme sont majeurs pour tout l’établissement.

Les démarches pour réduire l’absentéisme se multiplient

Si tout le secteur attend avec impatience une revalorisation des métiers du grand âge, qui aiderait au recrutement de nouveaux profils, certaines structures ont décidé de devancer les mesures en mettant en place des formations rapides** ou des avantages financiers. En Haute-Loire, par exemple, l’EHPAD Les Cèdres de Beaux a créé un système de valorisation sous la forme d’une prime pour la présence. Confrontés au même problème, bon nombre d’établissements engagent aussi une politique de qualité de vie au travail pour fidéliser les agents.

À l’EHPAD L’Ostal du Lac, situé au Crès, près de Montpellier, les équipes d’encadrement ont ainsi multiplié les actions, en commençant par la réduction de l’alternance des emplois du temps, la détermination d’un jour de repos fixe par semaine et la révision des fiches de poste pour y inclure des variantes propres au projet professionnel de chacun. Lors du premier confinement, l’établissement avait également organisé un « EHPAD drive » pour ses agents qui pouvaient recevoir chaque semaine, gratuitement, un panier de denrées alimentaires. « Cette opération “EHPAD drive”, couplée à la distribution de “kits d’hygiène” à tous les salariés, a favorisé le maintien des professionnels à leur poste, constatait Pascal Ségault, directeur de la structure, à la fin de l’année dernière.*** En pleine crise, ces actions ont clairement renforcé le sentiment d’appartenance à notre établissement ».

Plusieurs biais pour agir

Engagé au plus fort de l’épidémie, ce type de politique semble donc apporter une aide non négligeable pour limiter l’absentéisme et par là-même le manque de personnel. Pour autant, la mise en place de telles pratiques ne doit pas se faire seule, car comme le rappelle le guide L’absentéisme en établissement médico-social sorti en septembre 2017 et publié par l’ARS Nouvelle-Aquitaine et l’Aract Nouvelle-Aquitaine, « l’absentéisme est révélateur du fonctionnement de l’organisation, des conditions de travail, de l’engagement au travail et de l’état de santé des salariés ». Pour le prévenir et le limiter, ce document, réalisé par des infirmières et directrices de huit établissements de la Vienne, conseille d’abord de mettre en place une équipe de suivi, associant la direction et les représentants du personnel, mais aussi de tous les métiers de l’établissement.

Après avoir référencé et analysé les différentes durées et motifs d’absences, cette équipe pluridisciplinaire pourra ainsi mieux identifier les actions de prévention à mettre en place. Le guide scinde ces dernières en trois volets : les primaires – qui concernent la structure, les aspects techniques, organisationnels et relationnels –, les secondaires – qui impliquent une gestion et une régulation de l’absentéisme via un pool de remplacements, l’établissement d’un cadre en fonctionnement dégradé, la responsabilisation des acteurs… –, et les tertiaires qui prévoient l’accompagnement des personnes dans leur retour à l’emploi. Symptôme d’une situation professionnelle précaire, l’absentéisme a donc de nombreux remèdes. Et, comme pour tout problème lié aux ressources humaines, une vraie politique visant à le réduire doit être pensée à l’échelle de l’établissement et se diversifier dans les réponses apportées. 

*L’étude de la FHF a été menée auprès de 300 établissements dont des CHU (Centres Hospitaliers Universitaires), CHS (Centres Hospitaliers Spécialisés), CH (Centres Hospitaliers), EHPAD et ESMS (Établissements et Services Médico-Sociaux).  
**Voir le numéro d’avril 2021 d’Ehpadia, pages 14-15.                                                             
***Lire l’entretien dans le numéro d’octobre 2020 d’Ehpadia, pages 22-23.

Article publié dans le numéro de juillet d'Ehpadia à consulter ici
 

 

Covistress, un questionnaire ciblé pour étudier l’impact de la pandémie au quotidien

Issue d’une collaboration internationale lancée en 2020, l’étude CoviStress est pilotée au niveau français par le Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand et le Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (LAPSCO). Ces deux entités proposent ainsi à tout un chacun, quel que soit son secteur d’activité, de remplir en ligne un questionnaire relatif à l’épidémie et à ses impacts sur sa vie. En ligne depuis plusieurs mois, il s’est progressivement enrichi de questionnaires complémentaires sur des populations spécifiques, des métiers, des cas, des secteurs…

L’un de ces questionnaires est d’ailleurs dédié au secteur « de l’Aide et des soins liés au grand âge ». Le répondant commence ainsi en décrivant la situation dans son pays depuis un an, ses connaissances antérieures et actuelles en matière d’hygiène, les pénuries potentielles, les inquiétudes… mais aussi des questions propres au secteur : le nombre de cas pris en charge, le niveau d’échanges avec les personnes soignées, l’évolution de la considération liée au métier… Véritable outil de recherche, cette étude est donc aussi un moyen de s’interroger sur son vécu et de prendre ainsi un recul nécessaire en ces temps de crise.

- Répondre au questionnaire sur http://covistress.org/.
 



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