Connectez-vous S'inscrire
Ehpadia, le magazine des dirigeants d'EHPAD
Actu et Management

L'EHESP forme la relève


Publié le Mercredi 6 Juin 2018 à 16:11

L'École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), structure de référence pour les cadres du système de santé publique, forme notamment les futurs directeurs d'EHPAD au travers du cursus D3S (Directeur d'établissement sanitaire, social et médico-social), qui fête cette année ses 20 ans. Fernand Le Deun, responsable de cette formation, a accepté de nous en dresser les contours, mais également d'évoquer les enjeux qui attendent ses élèves dans leurs futures fonctions.


Pourriez-vous commencer par nous présenter la formation D3S ?
Fernand Le Deun :
Il s'agit d'une formation de 24 mois, accessible sur concours et destinée à former des directeurs et directeurs adjoints amenés à travailler dans quatre secteurs : établissements de santé, EHPAD, protection de l'enfance et handicap. La formation D3S est le passage obligé pour tout étudiant aspirant à exercer son métier dans la fonction publique hospitalière. En parallèle, il faut savoir que l'EHESP gère également l'animation pédagogique et organise les épreuves nationales du CAFDES(1). Former les D3S est un vrai défi, pour trois raisons. La première est la diversité des parcours et donc des acquis antérieurs des étudiants. En effet, ceux issus du concours externe ont un haut niveau d'études, que ce soit en sciences politiques, juridiques, etc. À côté de cela, les élèves passés par le concours interne n'ont pas nécessairement de bagage juridique important, mais disposent d'une connaissance concrète du secteur. Si nous nous devons d'ajuster notre enseignement à ces composantes, cette diversité représente une richesse pour nos élèves, que nous incitons à échanger sur leurs expériences passées. Le deuxième défi de cette formation réside dans la spécificité des publics à accompagner et dans la difficulté du travail auprès d’eux. Enfin, la troisième particularité est la diversité des domaines d’intervention et des projets d’affectation des futurs diplômés, amenés à devenir chefs d’établissements, adjoints en responsabilité de pôle et/ou de fonctions support. À cela s’ajoutent évidemment les évolutions en cours dans le champ sanitaire, social et médico-social, concernant aussi bien les besoins des publics accueillis que les modes de gouvernance ou les financements…
 

Fernand Le Deun responsable formation D3S
Fernand Le Deun responsable formation D3S
Avec 48 semaines de stages pour 35 semaines de cours théoriques, la formation D3S repose en grande partie sur l'expérience de terrain. En quoi cette composante est-elle essentielle dans votre démarche d'apprentissage ?
F.L.D :
La plupart du temps, les élèves qui intègrent la formation ne savent pas encore vers quel type d'établissement ils s'orienteront. Chacun des stages est donc mené dans un but précis, tout en les aidant à affiner leur projet professionnel. Ainsi, dès le début de la formation, les élèves doivent effectuer un stage de découverte. Celui-ci leur offre la possibilité de découvrir un ou deux établissements de secteurs différents. Contrairement aux stages suivants durant lesquels ils seront en responsabilité, les élèves sont ici placés dans une posture d'observateur, afin d'appréhender réellement les publics accueillis, leurs parcours de vie, leurs modes d’accompagnement, et de se mettre à leur portée. Le stage dit « extérieur », à effectuer en France dans une administration, association ou entreprise, ou à l'étranger, permet quant à lui, d'entretenir l'ouverture d'esprit des élèves, une qualité bien utile dans l'exercice des fonctions de direction. Enfin, les stages de professionnalisation et de spécialisation sont voués à mettre les étudiants en situation professionnelle. Il est à noter qu'une fois leur projet d'affectation connu, les élèves D3S bénéficient d'une période de spécialisation personnalisée. Celle-ci porte sur les particularités du secteur choisi et du poste occupé - chef d’établissement ou directeur adjoint.

Vous évoquiez les évolutions en cours dans le secteur sanitaire, social et médico-social. Comment touchent-elles vos étudiants ?
F.L.D :
L’EHESP forme les élèves D3S à devenir des managers avant tout bien-traitants à l’égard des personnes accueillies et bienveillants à l’égard des professionnels. La plus grande difficulté pour nous est donc de réussir à les préparer au mieux aux conflits de valeurs auxquels ils devront faire face dans l'exercice de leurs fonctions. Comment articuler un idéal de prise en charge, une fibre de l'accompagnement qui les a portés dans cette voie, et des réalités de terrain fortement impactées par des contraintes économiques les engageant parfois dans des actions de retour à l'équilibre budgétaire. Nos élèves feront également face à des changements de gouvernance, des regroupements de directions, et notamment à de potentiels rattachements à des groupements hospitaliers via les GHT. Nous voyons en réalité se dessiner une double tendance : d'une part des établissements hospitaliers en recherche d'une plus grande expertise pour les établissements médico-sociaux dont ils ont la charge, et d'autre part des regroupements d'établissements médico-sociaux avec des postes de direction qui ont tendance à se spécialiser. Les compétences fortes des D3S, tant d'un point de vue technique que managérial, et leur connaissance des situations relatives aux personnes accueillies ou accompagnées, en font des acteurs essentiels de ces évolutions.
 

Justement, comment préparez-vous vos élèves à ces nouvelles réalités ?
F.L.D :
La « refonte » de la formation, intervenue en 2016, a consisté à renforcer les heures d’enseignement en management - ressources humaines, communication, stratégie, pilotage au sein de territoires, etc. - qui étaient jugées insuffisantes, tout en faisant évoluer les enseignements en sciences humaines autour d’une meilleure connaissance des publics accueillis, de la responsabilité sociale, environnementale, ou éthique. À terme, nous aimerions encore plus d'alternance stage/école et développer la transversalité entre les formations. C'est pourquoi l’EHESP mène avec les organisations professionnelles, une réflexion commune à toutes les formations dites « hospitalières » qu’elle organise(2), dans le but de favoriser davantage l’individualisation des parcours de formation, l’appui à la prise de poste, la formation tout au long de la vie et l’interdisciplinarité.
 
1 - Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Directeur d’Établissement ou de Service d’intervention sociale
2 - Directeurs d’hôpital, D3S, directeurs des soins et attachés d’administration hospitalière


Cette interview à été publié dans le numéro 11 du magazine Ehpadia à consulter en intégralité ic i
 



Nouveau commentaire :